42.6 Soirée Au Kl. LAfter, Rue De La Colombette.
[Attention : ce texte contient des passages et des « images » pouvant heurter la sensibilité de certains esprits « gay only »
esprits sensibles, sabstenir
Pour les autres, les surprises ne sont pas finies
avec peut être la réponse à la question : en réalité, qui couche avec qui ?].
Dimanche 1er juillet 2001, 3h36.
A quatre sur le lit dans le studio de rue de la Colombette, les filles allongées sur le dos, les corps musclés des garçons prenant appui sur les genoux et sur les mains plantées sur le matelas, les deux potes et leurs partenaires dun soir, emboîtés par couples, sont bien engagés sur le chemin qui conduit au plaisir mutuel.
Plutôt flattés dans leurs fierté de mâles par le fait de voir sur le visage de leurs partenaires les signes dune jouissance si différente de la leur, mais à lapparence très intense, les mecs sont en train dapprocher tout doucement de lorgasme
les ondulations des bassins sont amples, puissantes, comme cadencées sur un seul et unique mouvement
On pourrait se demander pourquoi ce soir là, au lieu de rentrer avec Nico pour des révisions post-bac en nocturne, révisions dont il avait par ailleurs bien envie, surtout après les mots que Nico lui avait balancé à loreille au KL, Jérémie avait préféré se payer un plan à quatre avec son pote Thibault et deux nanas levées sur le pouce sur le bord de la piste de danse
Hélas, rechercher de la logique dans les agissements dun garçon tel quétait Jérém à ce moment là, à savoir un garçon se posant de plus en plus de questions sur sa sexualité, cela relève du mystère cosmique
son comportement ne suivait même pas ses véritables envies
son comportement nétait que le fruit de ses coups de tête
Oui, cest sur un coup de tête que Jérém sétait dit ce soir là :
« Tiens, ce soir jai envie de jouir comme un vrai mec
c'est-à-dire
dans une chatte
tiens
jai envie que mon meilleur pote assiste à cet exploit
jen ai envie en premier lieu pour faire taire ses doutes
ses questionnements
jen ai envie car, il faut bien ladmettre, lidée de prendre mon pied et de jouir sous ses yeux ça me fait un drôle deffet
tout comme ça me chatouille également lidée de le voir prendre son pied à lui
et puis il faut que je montre à Nico que je peux me passer de lui, il faut que je me montre à moi-même que je peux me passer de lui
».
Le lit est étroit et, dans le feu de laction, dans la fougue des deux jeunes étalons, à un moment les épaules musclées se frôlent
lorsque ce premier contact se produit, les deux garçon ressentent un frisson
un frisson, inattendu et puissant, capable de leur faire se demander si lautre a ressenti la même chose
les têtes se tournent discrètement, les regards se cherchent, se croisent
il faut bien admettre que le contact avec la peau de lautre, douce, chaude, moite, est très excitant
Dabord accidentels, ces petits contacts deviennent rapidement intentionnels, participant à lexcitation du moment
les épaules nues se frôlent encore, encore et encore
les hanches se touchent, les cuisses se frottent, les genoux se caressent, les doigts seffleurent
Pendant que ses coups de reins lui apportent son plaisir de mec, Jérém se rend compte quil narrête pas dy penser
de penser à une galipette sous une tente il y a bien longtemps
oui, tout en prenant son pied « comme un mec », Jérém se surprend à focaliser son désir non pas sur le corps et le plaisir de sa partenaire, mais sur le corps viril de son pote
Pour Thibault, les choses sont bien différentes
Pendant que ses coups de reins lui apportent son plaisir de mec, Thibault se rend compte quil narrête pas dy penser
de penser à une galipette sous une tente il y a bien longtemps
oui, tout en prenant son pied « comme un mec », Thibault se surprend à focaliser son désir non pas sur le corps et le plaisir de sa partenaire, mais sur le corps viril de son pote
Bah, finalement non, à bien regarder, pour Thibault les choses ne sont pas si différentes que pour Jérém
La tension érotique entre les deux garçons est palpable
à bien les regarder on aurait eu limpression que les deux co-équipiers étaient davantage troublés par la découverte de leurs nudités excités (car en ce qui est de leurs nudités tout court, ils connaissaient cela très bien grâce aux vestiaires du rugby)
oui, à bien regarder on aurait dit que les deux garçons étaient plus intéressés par lobservation de leurs plaisirs respectifs dans lacte sexuel, que par la présence et les atouts féminins des deux nans recrutées pour soulager leurs besoins de mâles
Leurs queues enfoncées bien profondément « comme des mecs », lexcitation fait émerger des images troublantes mais très nettes dans leurs esprits.
Les deux potes ont joui ensemble
et cest encore ensemble, avec des gestes, des attitudes de mec presque identiques, quils se retirent de leurs partenaires, se relèvent, se débarrassent de leurs capotes pleines quils vont jeter à la poubelle de la kitchenette, en évitant tout regard.
Un garçon qui a tiré son coup, surtout lorsquil sagit dun coup de baise pure, une fois quil a joui, est souvent un garçon lâche. Triste et lâche. Jérém enfile son boxer, Thibault en fait de même
malgré leurs attributs masculins désormais cachés, bien que suggérés par le tissu fin et élastique, leurs torses dessinés ondulant sous la vague sensuelle dune respiration qui nest pas encore redevenue tout à fait normale après leffort sexuel, les deux rugbyman inspirent toujours autant le sexe et la virilité
il ny a rien de plus beau quun garçon à poil en train de prendre son pied
tout comme il ny a rien de plus terriblement bandant quun beau garçon torse nu, avec un boxer, un short ou un jean
et surtout, il ny a rien de plus craquant quun beau garçon qui vient de jouir
Sans un mot, Jérém se dirige vers le frigo, il en sort des bières quil décapsule
il en garde une, il passe les autres à Thibault, ce dernier les fait suivre aux nanas
Jérém prend une bonne gorgée de la sienne et, toujours sans un mot, se dirige vers la terrasse, suivi par son co-équipier
Dans la pénombre, il roule une cigarette magique
il lallume, il en tire une longue taffe et il la passe à Thibault
ce dernier tire dessus à son tour, ensuite il la rend à son pote
Ayant retrouvé un début de contenance en passant leurs sous-vêtements, un instant plus tard les filles les rejoignent en terrasse accompagnées par leurs bières tout juste entamées
dans le silence de la nuit de printemps, la cigarette magique passe de main en main, de lèvre en lèvre
tout le monde en veut, car tout le monde le sait, il ny a quelle qui soit capable de rendre ce moment, ce silence pesant un peu plus supportable
de plus, elle donne des ailes, elle donne des envies
Ce sont les nanas qui proposent de remettre ça.
« On change de partenaire et
on fait ça par derrière
»
Du pur Jérém. Direct, précis, fracassant. Malgré le joint, les deux nénettes affichent dabord une moue surprise
sur le coup, stupéfait de la requête de son pote, Thibault est lui aussi mal à laise
dabord à cause de la façon directe dont Jérém a balancé ses mots, avec son assurance et son arrogance culottée de ptit coq
Ensuite, ce qui met également Thibault mal à laise cest le fait que Jérém ait envie de faire ça « avec » lui
devant lui
certes, Jérém lui a raconté que parfois il aime faire ça avec les filles
mais de là à le voir faire
et à le faire avec lui
ils nen ont jamais parlé
déjà que ce plan à quatre a été un coup de tête de Jérém qui nétait absolument pas prévu
Pour finir, le fait est que
Thibault na encore jamais fait ça de sa vie
il ne sait pas comment ça se passe, il ne sait pas comme une nana va réagir à « ça »
Devant des mines dubitatives, Jérém ne se démonte pas
il sait ce quil veut, et il sait quil va lavoir
son regard est ferme, déterminé
Les filles se concertent en silence, avec de simples échanges de regards
elles finissent par séchanger un sourire complice
Thibault capte un léger mouvement de fierté dans le regard de Jérém
ce dernier lui balance un petit clin dil furtif
il vient de comprendre que cest gagné
« Tes un petit coquin, toi
» finit par lancer la blonde qui a couché avec Thibault.
Jérém ne répond pas, caché derrière sa bière et son joint
il regarde carrément ailleurs, il attend une réponse qui dans son esprit ne peut être que positive. Dans sa tête cest, soit elles sont partantes, soit elles partent. Le silence sinstalle, gênant, surtout pour Thibault. Puis, au bout dun petit moment, la blonde finit par balancer :
« Cest ok, mais allez y mollo les gars »
Puis elle approche la bouche de loreille de Jérém pour lui chuchoter :
« Si on échange, dabord on a envie de vous sucer
encore
»
Jérém affiche un petit sourire triomphant qui aurait du normalement énerver les deux nanas
ça aurait été la réaction normale devant un petit mec aussi sûr de lui, aussi insolent, aussi macho
oui, çaurait été la réaction normale si son charme navait pas cet effet ravageur, lui ouvrant toutes les portes
son jeu de domination est en route, Jérém a encore tout remporté, haut la main
Le dos appuyé à la rambarde en maçonnerie pleine de la terrasse, Jérém pose son joint et sa bière sur le rebord
il porte ses mains sur les hanches, les pouces se glissent entre sa peau et le coton du boxer, le tissu léger descend lentement, sa queue presque raide se montre dans la pénombre
Un instant plus tard la blonde est à genoux en train de le prendre en bouche
la brune lui emboîte le pas, elle se met à genoux devant Thibault et lui descend le boxer, pour se lancer dans une pipe que Jérém juge timide, faite du bout des lèvres, comme il avait jugé la sienne quelques minutes plus tôt
Pendant quil se fait sucer sur sa terrasse dans la tiédeur de la nuit de ce début dété, Jérém finit par se faire la réflexion que la blonde suce mieux que la brune, mais quelle est à des années lumières de la perfection dune pipe à la Nico
pas de gorge profonde, pas de mouvements synchronisés entre les lèvres et la langue
une langue qui est presque statique
Il reprend alors son joint pour essayer de se shooter un peu plus
il se dit que peut être en étant un peu plus stone il arrivera à prendre davantage son pied dans cette gâterie bien en deçà de ce dont il est habitué
il tire trois fois dessus, avant de le passer à son pote
il attend que son cerveau reçoive une décharge de plaisir
hélas, les minutes passent et rien ny fait
leffet du joint est bien là, mais sa frustration sexuelle demeure inchangée, elle va même grandissant
pendant un instant il a envie de changer de position
de coincer la tête de la blonde contre la rambarde, comme il le fait avec Nico parfois
mais il na jamais osé faire ça à une nana
en fait il y a plein de trucs quil na jamais osé faire à une nana
cest bien la raison pour laquelle il aime autant coucher avec Nico
Jérém en aura vite marre
et quand Jérém en a marre, il sait comment faire bouger les choses.
« Maintenant on baise ! »
Cest un ordre de mâle dominant, tel le brame du cerf, un ordre sexuel que les deux filles nauront pas de mal à intégrer. Son attitude est dun machisme insupportable
pourtant, son incroyable sexytude, son aplomb, sa détermination virile font que, devant ses ordres, on ne peut pas faire autrement que sexécuter
Pendant que les filles prennent la direction du lit, Jérém prend le temps de tirer une dernière taffe sur son joint avant de le passer une dernière fois à son pote
pendant que ce dernier prend une bouffée de fumette, Jérém croise son regard
devinant son inquiétude, il tente de lencourager avec un sourire
puis, voyant le stress de son pote demeurer, il approche les lèvres de son oreille pour y chuchoter :
« Tu vas voir comment cest bon
»
Un instant plus tard les deux mecs enfoncent leurs queues capotées dans des trous bien offerts
la sodomie, voilà une pratique complètement inédite pour ce gentil Thibaut, une pratique quil a accepté dexpérimenter pour ne pas déplaire à son pote
une pratique quil finira par aimer assez rapidement
il laimera pour le plaisir physique déjà
cest si serré un petit trou, ça fait des sensations si différentes par rapport à une chatte
il laimera ensuite pour ce que cette pratique lui évoque des fantasmes refoulés depuis si longtemps
Jérém, quant à lui, ne se privera pas de pilonner ce cul offert en pensant à la rondelle de Nico, la capote en trop
à un moment Jérém se surprend à se demander ce quil fait avec ces deux nanas alors quil a envie dêtre avec Nico, mais la présence de Thibault le rassure
Oui, les deux garçons ont lair de bien prendre leur pied
et tout cela, sans compter laspect le plus excitant de cette position, c'est-à-dire le fait de permettre aux deux potes, libérés du contact visuel avec leurs partenaires, de se sentir plus libres dans leurs regards, dans le contact de leurs corps
ainsi, dès les premiers coups de reins, les geste se délient, les épaules nues se frôlent avec plus de facilité, les hanches se frottent avec plus dintensité, les cuisses se caressent, les genoux sappuient lun contre lautre, les doigts se rencontrent
Des contacts qui, dans lexcitation de ce moment sensuel, nont plus rien daccidentel, comme des envies silencieuses se dévoilant avec de moins en moins de retenue
Les corps musclés sont parcourus par des frissons puissants, les bassins ondulent sous la vague dun plaisir qui est autant sexuel que sensuel
les deux coéquipiers se cherchent, les regards se croisent avidement, saimantent, le plaisir monte, la jouissance approche
Leur excitation, leur excitation réciproque est comme un bolide lancé à toute vitesse, on a passé le point de non retour, les 88 miles par heure approchent, ça va faire des étincelles, ça va péter et on va changer de dimension
le continuum espace-temps va sinfléchir
ainsi, dans les esprits altérés par la drogue puissante du plaisir combinée au mélange explosif avec celle dévastatrice de linterdit, tout devient possible
les regards se croisent, brûlants de désirs quasi identiques, exprimant bien plus de choses que nimporte quel mot
leurs coups de bassin se règlent a la même cadence
Le corps et l'esprit secoués par ce plaisir inédit et intense, Thibault frissonne, en tremble presque
lorsque Jérém le regarde (et ce coup ci, libéré du regard de leurs partenaires, il ne sen prive pas), il trouve ça incroyablement excitant et beau
devant son pote en nage, la respiration profonde et rapide, en train de découvrir ce plaisir jamais expérimenté, à la fois conquis et dérouté, pendant que son propre plaisir gagne chaque fibre de son corps et submerge sa conscience, Jérém ressent un truc nouveau pour Thibault... son plaisir le touche
plus que ça, presque ça lémeut
Il sent que Thibault est comme perdu face à cette situation inattendue, une situation plaisante, certes, mais déroutante
une sodomie, un plan à quatre avec son pote de toujours
pour la première fois depuis très longtemps, Jérém ressent la sensation grisante de pouvoir faire découvrir un truc à Thibault et, qui plus est, un truc sexuel aussi plaisant
il adore lidée dêtre là pour le rassurer, dêtre là pour son pote comme ce dernier la toujours été pour lui
Jérém est lui aussi secoué par un plaisir débordant
son corps, son esprit le sont au même titre, avec la même intensité
et lorsquon prend son plaisir aussi intensément, cest incroyable les images de dingue que l'excitation peut provoquer dans notre esprit... des images qui sont cachées au fond de nous et que, lorsque notre conscience est dans son état normal, on arrive à gérer, à calmer
mais lorsque le plaisir des sens prend possession de notre être tout entier, elles nous explosent à la figure avec une puissance dévastatrice, une puissance qui, pour peu, leur ferait presque prendre le contrôle de nos actions malgré nous
et cest justement ce qui se produit parfois à ces moments là, sous leffet de livresse du plaisir sexuel montant, on dit et on fait des choses que lon ne dirait et que lon ne ferait pas à dautres moments, des mots et des choses que souvent on regrettera « à tête froide »
Le fait de voir son pote submergé, débordé, presque dépassé par le plaisir, lui donne envie de le faire jouir encore plus... Jérém se sent violemment attiré par son coéquipiers
il a envie de le serrer dans ses bras, de le caresser, il a envie de sentir son torse sur le sien, les tétons se frôler, les bassins se rencontrer, les queues se mélanger, de se perdre dans cette intimité de mec, de vrais mecs
A bien regarder, ça fait un sacré bout de temps que cette idée a pris racine dans son esprit
car, il faut bien ladmettre, la beauté de son pote ne le laisse pas froid
bien au contraire
Combien de fois, en le voyant sous les douches après les entraînements, il avait eu envie de poser le regard sur sa nudité
envie de mater sa queue et de lavoir dans sa main comme cette nuit de lété de ses 13 ans sous la tente en camping
envie de jouir ensemble en se branlant lun lautre
Combien de fois, en le voyant approcher de son casier (juste à coté du sien) après la douche, avec la serviette qui glisse sur la peau et qui fait apparaître et disparaître des détails anatomiques troublants, en sentant lodeur de sa peau humide, en sentant la proximité de sa nudité intégrale, en sentant le contact furtif entre épaules, dos, torses qui se frottent parfois au gré de mouvements involontaires
oui, combien de fois Jérém avait senti sa queue commencer à frétiller
combien de fois il avait du se rhabiller en vitesse pour éviter de montrer une érection suspecte
Combien de fois Jérém avait eu limpression que pendant quil prenait sa douche, Thibault le regardait à son tour de façon insistante
et lorsquil approchait des casiers avec sa serviette nouée en dessous de sa taille, il avait parfois eu la nette impression que son pote le toisait, quil le matait
plusieurs fois, Thibault lui avait même fait des réflexions sur sa chute de reins quil trouvait très harmonieuse, sur son torse, quil trouvait très bien dessiné, sur son corps quil trouvait de plus en plus sculpté grâce à la muscu quil faisait après les entraînements
Et combien de fois il avait eu la certitude que lorsquils se retrouvaient devant leurs casiers respectifs, Thibault aussi commençait à bander sous la serviette
et quand il lenlevait pour se rhabiller, lorsquil se tournait pudiquement de lautre coté pour préserver son intimité, avec pour résultat de lui montrer ses jolies fesses, Jérém bandait dur dans son jean
mille envies lui happaient lesprit
frotter sa queue dans sa raie, lexciter ainsi pendant quil se branlait jusquà en jouir
Un dimanche après-midi après un match, il sétait produit quelque chose de troublant
dans leuphorie dune victoire remportée de justesse, ça rigolait entre mecs
lattention toute consacrée à la déconnade, Jérém avait ôté la serviette autour de sa taille avant de commencer à shabiller
sans vraiment y prêter attention, pressé de partir ce jour là, à un moment Thibault avait pivoté de tout son corps pour attr ses affaires
au même moment, tout en discutant avec un autre coéquipier, Jérém sétait déplacé sans faire attention
et là, dans un enchaînement involontaire de mouvements, la main de Thibault avait effleuré le bout de la queue du beau brun
très gêné, Thibaut sétait excusé discrètement tout en laissant traîner un long regard
Et combien de fois, lors de certaines fins de soirée un peu chargées, Jérém avait eu limpression, lorsque leurs regards se croisaient, quil y avait entre eux une façon de se chercher en permanence, une complicité à la limite de la sensualité
une complicité faite de sourires, de clins dil malicieux et balancés au bon moment, de tapes sur lépaule, de caresses dans le cou
Coucher avec Thibault
voilà une idée de dingue
pourtant, ça fait si longtemps que Jérém a envie de le sentir son corps de mec contre le sien
envie de sentir sabandonner dans ses bras puissants
« Avec Thibault » il simaginait « ça ne serait pas du tout pareil quavec Nico
nous sommes deux mecs
ce ne serait quun truc entre deux potes qui se font plaisir, deux amis, les meilleurs amis du monde qui se font du bien
rien de plus, il ny a pas de mal à se faire du bien
».
Cest dingue comme lexcitation peut faire naître en nous les fantasmes les plus fous
à moins que
oui, à moins que ce ne soit pas elle qui les fait naître
à moins que, lorsquelle secoue notre être tout entier, lexcitation ne se contente que de déblayer provisoirement notre esprit de tout tabou, tout conditionnement, toute crainte pour les conséquences de nos actions, quelle ne fasse que libérer nos envies les plus profonde et refoulées
Le fait est que lexcitation sensuelle, tant quelle nous tient, possède ce pouvoir provisoire, mais immense et dangereux de faire disparaître la notion de l'avenir et, avec elle, le fardeau, le lestage quest la conscience des conséquences futures de nos actions présentes
dès lors, tout devient possible
Lorsque lexcitation des sens a pris le contrôle de tout notre être, on nest plus que désir
et le désir, comme le plaisir, ne se décline qu'au présent
ou oublie lavenir, et avec ce dernier, toutes nos peurs
car cest la conscience de l'avenir qui génère toutes nos craintes
si un jour de grâce on perdait la conscience de l'avenir, on se retrouverait soudainement libérés de toute inquiétude
la peur des conséquences de nos actions
la peur de la solitude, la peur de perdre la personne qu'on aime
les peurs matérielles
la paix, la sécurité, la santé, le travail, largent
jusquà la peur ultime, celle de vieillir et de devoir partir un jour
Et lorsque, en plus, ce plaisir est pris avec la personne qui compte pour nous, voilà, on oublie tout, tous nos soucis, tous nos tracas
le passé et lavenir ne sont plus
il ny a que linstant présent, il accapare tout notre esprit
à ce moment là on se sent tout puissants, on se sent immortels
Jérém regarde Thibault en train de coulisser entre des fesses bien offertes et il se dit quil adore voir son pote prendre son pied de cette nouvelle façon, un pied quil lui a offert, juste en le lui faisant découvrir
il adore également lidée dêtre là pour assister à cette nouvelle et puissante jouissance de son pote, une jouissance à laquelle Thibault ne sattend pas mais que Jérém le sait, il va le ravir
Ca lexcite terriblement car quelque part cest « lui » qui va le faire jouir
dune façon certes différentes de celle quil a pu parfois fantasmer, mais nempêche, cest grâce à lui quil va découvrir la sensation foutrement excitante de sentir sa queue bien serrée dans un petit cul
Perdu dans le bonheur davancer avec Thibault dans le territoire inconnu de ce plaisir interdit, Jérém sent lorgasme approcher
et cest autant pour faire plaisir à son pote que pour une irrésistible envie de contact avec sa peau, que Jérém a lidée dun geste inattendu
tendre
Oui, faute de pouvoir, dans cette configuration de baise aux participants trop nombreux, dans une configuration mentale où la peur de compromettre une amitié empêche bien des choses, donner libre cours à ses envies de mélanger son corps avec celui de son pote, Jérém se laisse aller un geste tendre
il peut se permettre ça avec son pote, alors quil ne peut pas envisager ça avec Nico
car il sait que Thibault, à différence de Nico, ne va pas prendre ça pour ce que ce nest pas
il sait que Thibault va mettre ce geste sur le compte des gestes damitié et quil nattendra rien de plus de lui
Son bras de lève, sa main se pose sur le cou de Thibault à la base de sa nuque, les doigts senfoncent dans ses cheveux comme une caresse douce, sensuelle et excitante a la fois ; un geste qui, au même titre que le regard sensuel qui l'avait accompagné, avait encore augmenté l'excitation de Thibault, lapprochant de sa jouissance
Après une première réaction de surprise face au geste inattendu et super agréable de son pote, après un petit instant dhésitation sur le fait de répliquer de le même façon, chose qui lui fait drôlement envie, le bras du beau mécanicien se lève à son tour pour se poser sur le cou de Jérémie
Quelques coups de reins encore, un échange de regards complices avec son pote et voilà que son corps, depuis un bon moment déjà secoué par des frissons puissants, navait pas pu se retenir plus longtemps
un instant plus tard Thibault avait joui
et à son tour, la jouissance du beau mécanicien avait précipité celle du beau serveur
Et cest en se tenant par le cou, les bras enlacés dans une étreinte sensuelle et moite que, comme lors de la première « mi-temps », les deux coéquipiers avaient joui pratiquement au même moment
découvrant le bonheur de prendre ensemble leur plaisir de mec
Ils lont fait
ils ont joui ensemble
dans le même lit, au même moment
Jérém a joui tout en enlaçant le cou de son pote Thibault
Thibault, quant à lui, a joui en se disant que Jérém avait raison, ce « truc » était vraiment bon... bon au delà du raisonnable
et les deux ont joui en pensant au plaisir de lautre
Hélas, la jouissance masculine est un oiseau qui sépuise dans son envol
lascension vers le plaisir est tellement puissante et rapide quon a du mal à réaliser que le retour au sol nous guette instantanément
oui, la fierté masculine est comme un albatros, très majestueux lorsquil se déploie en vol, mais vraiment maladroit lorsquil touche le sol
une fois le plaisir venu, passé, l'excitation retombée, lorsque les yeux se rouvrent et la conscience revient après la petite absence autour de lorgasme, le retour à la réalité peut se révéler dur à affronter
les regards aimantés ne le sont plus, il ne sattirent plus, il se fuient
le contact de la main de Jérém sévapore rapidement, ce contact de peau est désormais devenu trop lourd à assumer pour lun
alors quil va bien vite manquer à lautre
Les deux garçons se retirent rapidement
Thibault enlève sa capote
Jérémie enlève la sienne
les boxers recouvrent vite des nudités devenues soudainement gênantes
pendant que les nanas se relèvent à leur tour en prenant la direction de la salle de bain, Jérém balance que cest prévu que son pote reste dormir, une façon de dire sans le dire quil faut quelles partent
« Ah daccord
» ce sera la réaction un peu déçue de la blonde.
« Jappelle un taxi ? » balance froidement le beau brun.
« Tinquiète, mec, va fumer ta clope, on se débrouille
» se fera remballer le beau brun.
Jérém disparaît alors en terrasse
Une fois de plus surpris par lattitude désinvolte de son pote, Thibault reprend sa bière, sinstallant à langle opposé de la terrasse, dans la pénombre
« Je pourrais les raccompagner
» savance le bon Thibault.
« Cest super tard, tu es fatigué, tu peux rester dormir ici
en plus demain on a match
» répond Jérém, le regard perdu dans la rue.
Thibault se sent en effet tomber de fatigue et lidée de rester dormir avec son pote lui parait agréable. Pendant que les deux nanas sont à la douche, Thibault repense à lexpérience sexuelle quil vient de vivre
le beau mécanicien est encore interloqué par le plaisir inédit et interdit que cette première sodomie lui a procuré... jouir dans un petit cul, sa queue enserrée bien au chaud... ce pied de fou
cétait incroyablement excitant et jouissif... ça devait être leffet de la nouveauté...
Mais au delà des explications avec lesquelles le bon sens légendaire de Thibault essayait d'expliquer cela, force était de constater que ce quil venait de vivre allait au delà de tout ce qu'il avait vécu sexuellement jusqu'à ce jour là, mieux qu'un sexé féminin, mieux que tout... et cétait bien aussi et surtout car son pote était là, à coté de lui
oui, Thibault avait adoré ce « truc », et il avait adoré voir que Jérémie aussi avait lair de bien aimer, de très bien aimer ça
Voir son pote prendre son pied au même temps que lui... capter son regard qui lui avait semblé chargé de désirs non exprimés, les mêmes que les siens, un regard qui lui avait semblé annoncer plein de découvertes ultérieures, comme si cet instant de plaisir partagé ce nétait que le début dune intimité plus profonde à venir, à venir à un moment ultérieur, lorsquils seraient enfin que tous les deux
comme si cette idée de Jérém de faire un plan à quatre ce nétait quune excuse pour un rapprochement entre garçons
Et puis, à bien regarder, cette idée de Jérém de prendre les filles par derrière ressemblait à une perche tendue vers un désir inavoué de sexualité entre garçons
Mais le plus dingue pour lui, cétait bien ce geste inattendu et incroyable de Jérém, cette caresse dans son cou
un geste de potes tant de fois échangé entre eux, exprimant amitié et affection mais qui là semblait se charger de bien dautres significations
Cest le bruit de la porte de la salle de bain en train de souvrir qui se chargera de tirer Thibault de ses rêveries en se disant quil allait vraiment trop loin, quil prenait ses rêves pour des réalités. Les deux nanas sont rhabillées, prêtes à partir.
Les entendant approcher, Thibault traverse la terrasse et se place dans lencadrement de la porte fenêtre torse nu
Jérém a fini sa deuxième cigarette, il boit le fond de sa bière et vient se poster derrière son pote, ses pectoraux frôlant le dos du beau mécanicien
sa bosse effleure ses fesses
ce dernier ressent instantanément un frisson parcourir son corps et converger vers sa queue
il se retient de justesse de montrer leffet que ces contacts lui procurent
il se dit que la fatigue nest quun détail face au désir
et que si jamais leurs corps se frôlent dans le lit, ça ne va pas être facile de trouver le sommeil
« On y va, une copine à elle va venir nous chercher
» annonce la blonde en indiquant la brune.
« Ok » répond Thibault, toujours un peu mal à laise.
« Voilà nos numéros si l'envie vous prend de recommencer
l'un ou l'autre ou tous les deux... » elle annonce en glissant dans la main de Thibault un bout de papier quelles avaient dû remplir de concert pendant leur longue halte dans la salle de bain.
Et sans se démonter devant le silence des eux garçons elle continue, le regard dans le vide :
« Pour vous les gars, cest quand vous voulez comme vous voulez... par devant
par derrière... et si ça vous tente, même sans capote... ».
Jérém ne peut sempêcher de laisser échapper un petit sourire de jeune coq fier que sa sexualité et celle de son pote aient emballé deux poulettes de plus.
« Même maintenant
» avait balancé la blonde en regardant le beau brun droit dans les yeux.
Un instant plus tôt, Jérém sétait dit que ce qui le rendait heureux aussi, cétait le fait que les deux nanas semblaient avoir été emballées autant par lui que pas son pote
mais à bien regarder, voilà que le regard de cette blonde semblant lui avouer sa petite préférence pour lui, lui donnait une fierté encore plus grande
une fierté ultime de mâle chef de meute, de mâle dominant
Ça aurait pu se fini avec une dernière pipe vite fait à cote de la porte d'entrée si seulement les deux mecs avaient bien voulu saisir la perche... au lieu de quoi, prétextant un besoin de repos pour le match du lendemain, Jérém avait gentiment ignoré linvitation
un brin déçues, les deux nanas avaient alors pris rapidement congé, laissant les deux garçons entre eux
Ce que les deux nanas ne savaient pas c'est que ces deux mecs étaient pressés de se retrouver seuls pour se poser tranquilles devant une dernière bière, pour discuter un peu avant de dormir
Ce que les deux nanas ne savaient pas non plus, cest que ce plan à quatre, bien avant que dêtre une orgie sexuelle, était le seul moyen acceptable que Jérém avait trouvé pour approcher la sexualité de son pote
La bière viendra, mais la discussion ne sera pas vraiment au rendez vous cette nuit là. Une fois seuls, l'excitation retombée, les regards gênés faisaient un écho dissonant avec les regard pleins de désir pendant l'acte
de plus, la fatigue semparant des corps et des esprits des deux apollons en cette heure tardive, toute tentation de revenir sur ce qui venait de se passer avec les nanas et entre eux, se désintégrait sur l'écueil de linterdit et du tabou désormais revenus en force, lesprit de survie de l'amitié retenant leurs mots, la honte commençant à leur apporter un certain sentiment de malaise
Le silence entre eux devient gênant pour Thibault.
« Je peux rentrer si tu veux dormir tranquille » il finit par balancer à Jérém.
« Il va y avoir les sorties de boite à cette heure ci
il va y avoir du monde sur la route
cest mieux que tu restes
»
Les mots de Jérém sont tellement touchants à loreille de Thibault, que ce dernier décide daccepter. Et tant pis pour le malaise. De toute façon ils vont dormir. Mais quest ce quil a été touché par ces quelques mots de Jérém sinquiétant pour lui
En réalité, Jérém na aucune envie de se retrouver seul ce soir là. Il a besoin de compagnie, il a besoin de Thibault.
Trois minutes plus tard les deux potes sont au lit. Les feux séteignent. Jérém se tourne sur un flanc, le visage vers lextérieur du lit.
« Bonne nuit » lance Thibault.
« Bonne nuit » répond Jérém, le ralentissement de son débit de parole annonçant la venue rapide du sommeil.
Epuisés par lheure tardive et par deux baises coup sur coup, les deux garçons trouvent vite le sommeil. Jérém dabord, fatigué en plus par le service à la brasserie, par bien plus dalcool que son pote
Thibault un peu plus tard. Le parfum et la proximité de son pote le troublent dune façon qui est, à bien regarder, pas si inattendue
Le repos de Thibault ne sera pas de très longue durée. Une heure plus tard, il se réveille soudainement. Lesprit embrumé par le court endormissement, il a du mal à remettre les choses à leur place. Déjà, pour réaliser quil nest pas dans son lit habituel
ensuite, pour réaliser de quel lit il sagit
il se souvient de la soirée au KL, des deux nanas qui rentrent avec lui et son pote au studio rue de la Colombette
il se souvient de la double baise
de Jérém en train de prendre son pied tout en le regardant, lui, prendre le sien
de sa proposition de rester dormir
Oui, ça y est, il réalise quil est dans le lit de Jérém
son pote est en train de dormir juste à coté
Thibault se rend compte quil est vraiment bien dans ce lit douillet, sous le poids de la couette remontant jusquà ses oreilles
et toujours le parfum si « mec » de son pote, ce nouveau parfum auquel il ne sest pas encore habitué, cette fragrance entêtante qui avait bercé ses narines un bon petit moment avant quil ne trouve le sommeil
comme une caresse olfactive, douce et sensuelle
Et puis il y a cette étrange chaleur qui enveloppe son corps et qui irradie doucement sur la peau de son torse, dans son bassin, dans ses jambes
Une seconde plus tard, Thibault a limpression de sentir son cur faire un bond dans sa poitrine
une angoisse soudaine le tire de cet état un peu confus, comme ouaté entre le sommeil et la veille
la panique sempare soudainement de son esprit
lui, Thibault, dhabitude si posé, si calme, si réfléchi
oui, Thibault se sent soudainement perdu, envahi par une peur quil ne peut pas maîtriser
cest lorsquil se rend compte que ses bras, son torse, ses jambes sont en train denlacer le corps chaud de son pote, que lagréable et douce chaleur quil ressent dans son ventre vient du contact avec le dos de son pote
que la sensation de douceur quil ressent sur sa joue, vient du contact avec les cheveux bruns de son pote
Thibault a du mal à comprendre ce qui se passe
tout ce quil comprend, cest quil se trouve dans un sacré pétrin
en admettant que Jérém ne se soit encore rendu compte de rien, comment se dégager sans le réveiller ? Il faut espérer que Jérém ait le sommeil bien profond
Avant de faire quoi que ce soit, Thibault semble retrouver un de ses réflexes de toujours
écouter et réfléchir avant dagir
ainsi, il tend loreille pour capter la respiration de son pote
cest un souffle léger, régulier
Jérém dort toujours, le jeune mécanicien se sent soudainement soulagé
Il se met alors à réfléchir sur la meilleur façon de se dégager de cette position compromettante
car il faut quil sen dégage
il faut quil tente de se retirer avant que Jérém ne se réveille
ils sont très proches, certes, mais il nest pas sur que son pote ait lesprit assez ouvert pour accepter ce genre de câlin, bien quinvolontaire
La manuvre est risquée... Thibault se demande encore comment il sest débrouillé, dans le sommeil, pour se tourner du même coté que son pote, pour se serrer contre lui, pour glisser son propre bras droit entre son flanc et son bras, ainsi que son bras gauche entre son autre flanc et le matelas... dans la tête de Thibault, ça clignote rouge
cest létat dalerte maximal
son cur bat à tout rompre
au point quil se retrouve à craindre que ce soient précisément ces battements qui réveillent Jérém
Thibault se dit quil faut la jouer fine
y aller tout en douceur
ou alors y aller franco
dans le premier cas, le beau brun risque de se réveiller au milieu de la manuvre et piger ce qui se passe
dans le second, si le déménagement finit par le réveiller, il va juste se sentir un peu secoué, sans savoir doù le mouvement est venu
la raison semble pousser Thibault à opter pour cette dernière option
mais la panique le contraint à se résigner à suivre la première
Le gros problème ce sont les bras
Thibault commence à ressentir des fourmis dans la main, tant le bras gauche est coincé
avant de sattaquer au plus compliqué, il choisit de préparer la manuvre
sa nature méthodique semble lui venir à son secours
Il commence par reculer son bassin et ses jambes pour couper le contact avec le bas de son corps
ensuite, les bras
pour le droit, cest plus facile, il suffit de le faire glisser vers le bas et le ramener vers son flanc
la manuvre est conduite tout en douceur, avec une lenteur extrême
tout semble bien se passer
Thibault tend loreille
la respiration de Jérém na pas changée, il dort toujours comme un bébé
Maintenant le gauche
cest là que ça se corse
Thibault a beau essayer de forcer sur son épaule pour le ramener à lui, le bras est vraiment coincé par le poids du torse de Jérém
nayant pas le choix, Thibault prend une décision radicale
appuyer sur lépaule de son pote pour faire légèrement pivoter son torse
lidée se révèle bonne, la pression sur son avant bras se détend un peu
et lorsque son épaule force à nouveau sur son bras, ce dernier finit par commencer à se dégager
un instant plus tard, Thibault a retrouvé la maîtrise de son bras et de sa main engourdie
Jérém, quant à lui, se retourne complètement, se retrouvant à plat ventre sur le matelas, le visage toujours tourné à lopposé de la position de Thibault
pendant son mouvement, il émet un grognement incompréhensible, qui a le don dinquiéter Thibault
pendant un instant, il a limpression que Jérém a été réveillé par sa manuvre, quil sest rendu compte de quelque chose, et quune discussion désagréable se profile à lhorizon
Et puis non, fausse alerte
dans sa nouvelle position, Jérém retrouve vite sa respiration calme et régulière
le bogoss est toujours dans les bras de Morphée. Thibault est rassuré. Il peut à son tour retrouver sa respiration, et accessoirement essayer de comprendre ce qui sest passé.
Mais comment ça avait pu se produire ? Il ne lavait pas voulu
mais il fallait bien admettre que cet épisode exprimait bien une envie bien présente en lui et longtemps refoulée
était-ce laction de son inconscient ?
Oui, en y repensant à tête froide, une fois lenchevêtrement de leurs corps dénoué et la panique évacuée, Thibault devait admettre quil avait adoré ressentir la chaleur du corps de son pote, ainsi que le contact avec ce bon paquet de muscles qui constituait son torse
Mais ce quil avait aimé par-dessus tout, même au delà du nouveau parfum de son pote dont la nouveauté éveillait toujours son odorat, cétait la sensation apaisante et enivrante de sentir le contact de la peau dun autre garçon contre la sienne, den sentir lodeur ; cette odeur que, lorsque lattraction physique est là, possède quelque chose de familier et de rassurant qui nous fait sentir bien, a notre place, en accord avec les besoins de tendresse de notre être profond... cest une sensation de bien être absolu qui relève dun besoin de contact et de partage avec lintimité dun corps et dun esprit qui ressemblent au sien
Thibault se surprend à éprouver une profonde tendresse en écoutant la respiration de son pote endormi, en regardant ce beau garçon terrassé par le sommeil
Cest en se faisant ce genre de réflexion, en pensant quil se sent vraiment attiré par son meilleur pote, en regrettant déjà ce contact si agréable avec son corps, que Thibault arrivera à retrouver le sommeil
pourvu que Jérém ne se soit rendu compte de rien
En réalité Jérém sest rendu compte de
tout
absolument de tout
oui, Jérém sest réveillé quelques minutes avant et il a
fort apprécié
tout apprécié
Jérém se sent bien dans cette étreinte
il sent son corps détendu, une sensation de bien-être irradiant de son bas ventre
soudainement, il est saisi dun doute
sa main se faufile à lintérieur de son boxer
et linformation que les doigts lui rapportent, confirme bien son doute
dans le sommeil, le beau brun avait joui dans son boxer
Que sétait-t-il passé dans le sommeil ? Comment avait-t-il pu jouir sans se rendre compte de rien ? Est-ce quil sétait touché ? Est-ce quil lavait touché ? Est-ce cétait venu tout seul ? Est-ce que cétait venu à cause du simple contact avec le corps de lautre, à cause de la sa main posée sur ses pecs, le bout des doigts abandonnés sur lun de ses tétons ? Ou bien cétait venu à cause du contact de son bassin, de son boxer contre ses fesses, à cause de son visage dans son cou, ses lèvres posées à la lisière de ses cheveux, cet endroit quil lui filait les frissons les plus intenses ?
Ou alors, est-ce que cest arrivé à cause de ce rêve quil vient de faire, un rêve avec Nico
cest bien quil soir resté dormir
quest-ce que ça lui fait de leffet ce contact avec sa peau
oui, Jérém se sent vraiment bien dans cette étreinte
sans abandonner létat de torpeur douillet entre le sommeil et la veille, il repense à son rêve
il a trouvé ça si excitant
voir Nico se donner de cette façon
oui, ça avait été très excitant de rêver dun Nico déchaîné en train de lécher la rondelle de
Thibault
oui, drôle de rêve, mais si bandant
tellement bandant quil avait du en jouir
Oui, Thibault
soudainement Jérémie se rend compte que ce nest pas avec Nico quil est rentré ce soir là
il se souvient du plan à quatre
il se souvient davoir vu son pote en train de jouir au même temps que lui
et il se souvient de lui avoir demandé de rester dormir
davoir même insisté pour quil reste, tellement il navait pas envie de se retrouver seul cette nuit là
Alors donc
ces bras
cette étreinte, cette chaleur, ce corps
ce nest pas Nico, mais bien Thibault
son pote de toujours est en train de lenlacer
ce nest pas vraiment ce quon fait entre potes hétéros, mais à la fin, quimporte
il est si bien
au fond ce nest quune accolade dans le sommeil
oui, il a joui, mais cétait à cause du rêve avec Nico, ce nest certainement pas Thibault qui la tripoté
Et à la fin, peu importe
il a parfois eu envie de cela
alors, quoi quil en soit, Jérém ressent une chaude et profonde sensation de bien-être
ce dernier orgasme, un orgasme quil na par ailleurs pas senti venir, mais dont les endorphines dégagées régalent son corps à posteriori, lui avait amené une sensation dapaisement complète
il était bien au chaud dans les bras puissants de son pote
le radio réveil indique cinq heures
lheure de se lever nest pas du tout dactualité
Jérém décide alors de ne pas se poser trop de questions pour linstant, de profiter du bien-être présent, de se laisser glisser dans le sommeil qui le guette à nouveau
il se dit que pour se poser des questions existentielles, pour se tourmenter il y a assez de la journée
la nuit, quant à elle, cest le temps du rêve, de la passion, du plaisir
il aurait voulu que cette nuit ne se termine jamais
Cest en se faisant ce genre de réflexion, en pensant quil se sens vraiment attiré par son meilleur pote, en se demandant si ce dernier avait fait exprès à le prendre dans ses bras ou si cela sétait produit par hasard, que Jérém arrivera à retrouver le sommeil
cest si agréable ce contact
Jérém sétait réveillé en trouvant très agréable lidée de se retrouver dans les bras de Nico, et il allait se rendormir en trouvant que lexpérience de se retrouver dans les bras de Thibault cétait également fort plaisante
un bonheur inattendu mais si doux
et pourvu que Thibault ne bouge pas de si tôt
Oui, Jérém sest rendu compte de tout
mais Jérém nest pas Thibault, et son ressenti diffère quelque peu de celui de son pote
ainsi, lorsquil sétait réveillé au cur de la nuit dans les bras de son pote, le beau brun avait adoré ressentir la chaleur de son corps ainsi que le contact avec ce bon paquet de muscles qui constituait son torse
et ce quil avait aimé par-dessus tout, même au delà du parfum de son pote quil aimait beaucoup, cétait la sensation apaisante et enivrante de sentir le contact de la peau dun autre garçon contre la sienne, den sentir lodeur ; cette odeur que, lorsque lattraction physique est là, possède quelque chose de familier et de rassurant qui nous fait sentir bien, a notre place, en accord avec les besoins de tendresse de notre être profond... cest une sensation de bien être absolu qui relève dun besoin de contact et de partage avec lintimité dun corps et dun esprit qui ressemblent au sien
Deux coéquipiers, deux façon de ressentir ce petit « accident », une sensation de panique mélangée à une sensation fort agréable pour Thibault
une sensation de surprise mélangée à une sensation fort agréable pour Jérém
non, définitivement, leurs ressentis nétaient pas tout à fait identiques
Le lendemain matin, au réveil, les deux coéquipiers passent à la douche lun après lautre. Ils partagent un café fraîchement coulé. Le petit déjeuner est court et silencieux. Le bruit de la télé aide à camoufler un manque de conversation embarrassant, des non dits lourds à assumer. Ni lun ni lautre ne saventurent à la moindre allusion à ce qui sétait passé avec les deux nanas et encore moins à ce qui sétait passé entre eux au petit matin
Thibault part dans la foulée. Les deux potes se retrouveront en tout début daprès-midi au vestiaire du terrain de rugby pour lavant dernier match de rugby du tournoi
comme si de rien nétait
Oui, on pourrait se demander pourquoi cette nuit là, au lieu de rentrer avec Nico pour des révisions post-bac en nocturne, révisions dont il avait par ailleurs bien envie, surtout après les mots que Nico lui avait balancé à loreille au KL, Jérémie avait préféré se payer un plan à quatre avec son pote Thibault et deux nanas levées sur le pouce sur le bord de la piste de danse
Hélas, rechercher de la logique dans les agissements dun garçon tel quétait Jérém à ce moment là, à savoir un garçon se posant de plus en plus de questions sur sa sexualité, cela relève du mystère cosmique
son comportement ne suivait même pas ses véritables envies
son comportement nétait que le produit de ses désirs contrastés, ceux qui se bousculaient dans sa tête et qui prenaient tour à tour le contrôle de ses agissements, des agissements dont lincohérence apparente était à limage de celle de ses envies opposées
lenvie dêtre avec Nico se cognant à la peur de devenir pd
le désir de le retenir se heurtant à la peur de sattacher, rentrant en collision avec le désir de le repousser (à lorigine de son comportement odieux)
Ainsi est la vie : lorsquon les mets en uvre, lun après lautre, jour après jour, on peut avoir l'impression que nos actes et nos propos appartiennent à une suite logique et naturelle
elle existe cette logique, certes, dans notre tête
et on simagine, quand même ça nous arrive dy songer, que les autre soient sensibles à cette « logique »
hélas, notre « logique » épouse plus souvent quon ne limagine, nos envie du moment
des envies changeantes
alors, là où il nous semble agir dans la continuité, lorsque on nous regarde de lextérieur, on peut tout simplement donner limpression de faire nimporte quoi, de souffler le chaud et le froid, limpression de tenir un comportement tout bonnement imprévisible
A bien regarder, il y avait un logique, une logique peut-être inconsciente mais une logique quand même, derrière le comportement du beau brun
à la fois faire « fuir » Nico, léloigner de lui, lui donner des raisons de le détester, léloigner pour sépargner à lui-même une séparation difficile à terme, lobliger à partir en claquant la porte, exaspéré
ensuite, peut-être se venger de lapparition de ce Stéphane quil avait toujours en travers
et puis, réaliser un fantasme enfoui depuis des années, être avec Thibault, voir si ce quil « ressent » pour lui était « réel », sil en avait vraiment envie
Tout ça parait assez logique, mais évidemment cétait très confus et ça se bousculait dans sa tête... ainsi, à ce moment de sa vie, Jérém était un garçon inquiet. Un garçon qui, par-dessus tout, avait peur de la solitude.
On a chacun au fond de nous un petit qui pleure. Le tout est de savoir dabord où est-ce quil se cache pour pleurer et de connaître ensuite à cause de quelles anciennes blessures ou de quelles peurs ancestrales pleure-t-il
Oui, au final, Jérém avait peur de la solitude. Et pas de nimporte laquelle. Jérém avait peur dune solitude quil devinait insupportable
car à la regarder de près, elle ressemblait à sy méprendre à celle que provoque léloignement et le manque de lêtre aimé.
En écrivant cet épisode, quà lorigine ne devait comprendre quune seule partie (cest dire comment lécriture simpose à moi toute seule) jai eu envie de rendre hommage et de remercier tous les garçons, parfois des connaissances, la plupart du temps des anonymes ; des mecs observés au quotidien et à leur insu, lespace dun instant fugace et précieux ; dautres croisés avec un peu plus e régularité au hasard du quotidien, mais que je nose pas approcher, ces « inconnus familiers » dont je voudrais tout connaître car leur vies mest inaccessible, dont jignore les défauts et dont je ne me lasserai donc jamais
Oui, je voulais rendre hommage à tous ces mecs qui provoquent en moi ce petit béguin du matin qui, sans que ça aille plus loin, me fait sentir vivant ; des garçons qui, de par leur façon d'être, avec un simple geste, un mot, une intonation de la voix, une simple attitude inconsciente, sont pour moi une source d'inspiration inépuisable.
Oui la beauté et le charme masculin... je ne sais pas leur donner une définition satisfaisante, et je ne pense pas que jen serai capable un jour, je ne sais même pas si cest possible dexprimer cette matière insaisissable avec de pauvres mots
ce que je sais en revanche, cest que si ces cadeaux du ciel venaient à disparaître de la surface de la terre, la vie serait beaucoup moins douce.
La beauté et le charme masculin, une « passion » à laquelle je tente de rendre hommage avec mes modestes moyens.
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